TINTIN NO CONGO _ livro para crianças ou para adultos _ nova polémica no Reino Unido
Polémica com a nova edição em língua inglesa do livro TINTIN NO CONGO (1931) de Hergé.
>
"On en est là : Borders, un groupe américain qui possède de nombreuses librairies en Grande-Bretagne, vient de demander à ses responsables de déplacer Tintin au Congo du rayon BD “Jeunesse” au rayon BD “Adultes”. Quelle mouche les a donc piqués ? La CRE, une association britannique dite “Commission for Racial Equality”(commission pour l’égalite raciale), a fait pression et exigé cette transhumance d’un rayon à l’autre, à défaut de son expulsion, en raison du caractère “raciste” de l’album d’Hergé. Elle a précisé qu’à ses yeux, le fait même que cet ouvrage soit proposé à la vente “dépasse l’entendement” car il contient des images et des dialogues porteurs de” préjugés racistes abominables où les indigènes sauvages ressemblent à des singes et parlent comme des imbéciles”. Il a suffi d’une plainte d’un lecteur auprès du CRE pour que la machine se mette en branle et pour qu’en vertu du principe de précaution, Borders s’exécute.
Le Congo était la deuxième aventure de Tintin reporter, après le séjour en bolchévie. Hergé, qui n’avait jamais quitté sa Belgique natale, avait puisé sa documentation au Musée colonial de Tervueren et dans Les silences du colonel Bramble, roman à succès d’André Maurois dans lequel il avait carrément transposé toute une scène de chasse. C’est à peu près tout même si plus tard, dans un essai remarqué, Roger Nimier établira un rapprochement avec Les vertes collines d’Afrique d’Hemingway. Je ne vous ferais pas l’injure de vous raconter l’histoire de Tintin au Congo qui parut d’abord dans les pages du catholique et réactionnaire journal de l’abbé Wallez Le Petit vingtième puis en album. C’était en 1931, époque à laquelle la Belgique était coloniale avec bonne conscience. Il n’y eut aucune controverse. Ce n’était pas percu comme raciste mais comme paternaliste. Même si trois ans avant Gide avait publié son Voyage au Congo où perçait l’indignation contre les abus, et si un an avant, Albert Londres avait lancé une série d’articles dénonçant l’exploitation criminelle des Noirs dans la construction du chemin de fer Congo-Océan. Gide et Londres étaient français ? Soit mais Georges Simenon était bien belge et dès 1932, dans Voilà, il publiait un reportage accablant qui s’achevait par ces mots :”Oui, l’Afrique nous dit merde et c’est bien fait !” Hergé, qui évoluait dans un milieu très conservateur d’où jaillira l’extrême-droite rexiste, n’eut aucun cas de conscience. Il reflètait la Belgique et sa mission civilisatrice. Les enfants adoraient et l’album fut un succès.

> 12 Julho _ Le Monde _ fr